El camino del inca.
Nos premiers pas au Pérou battent les pavés de la cité de Cuzco. Cette ville nichée au milieu d'une vallée luxuriante est un véritable joyau d'architecture mais, revers de la médaille, elle est aussi criarde, toxique et tonitruante. Difficile de faire un pas dans le centre sans que les marchands, statiques et ambulants, ne vous tirent par la manche pour essayer de vous refiler les sombres merveilles qui peuplent les comptoirs.
Cuzco est aussi le berceau de la fauche et garder en permanence l'œil ouvert fatigue; et déshydrate la cornée.
Après deux jours, nous quittons à la fois le paradis et l'enfer, destination le chemin de l'inca qui prend fin dans les fameuses ruines du Machu Picchu.
Après une première journée passée à jongler avec les cars, les taxis et nos guiboles ( c'est récurent c'est vrai ), nous accostons dans le bled de Santa Théresa. La jungle tropicale nous entoure, bananiers, papayers géants, lianes sans fin qui tissent leurs toiles sur les immenses parois des falaises, Tarzan aurait apprécié.
Après un courte nuit, nous démarrons une longue marche à contre courant du fleuve saumâtre et limoneux direction Agua Caliente, dernière étape avant le Machu Picchu.
Nous traversons le fleuve en tyrolienne. De l'autre côté il y a ce chien qui suite à la frayeur engendrée par sa première traversée n'a jamais accepté de remonter dans l'engin. Il reste maintenant sur cette rive, il attend patiemment son maître qui se voit obligé de faire un traversée quotidienne pour aller le nourrir.
Entre soleil et gouttes, l'après-midi de rando se passe plutôt bien, la flore est dense, la faune discrète hormis quelques étranges papillons, une sorte de lézard et un serpent qui nous laissera finalement la voie libre après s'être anguillé dans les hautes herbes.
Agua Caliente n'a rien de fabuleux si ce n'est ses sources d'eau chaude; c'est une ville exclusivement dédiée au tourisme et à l'exploitation de la cité inca qui trône 1000 mètres au-dessus de nos têtes.
Pour s'y rendre de Cuzco avec un tour operator, comptez 70 dollars par personne. Nous avons certes mis deux jours mais nous nous en tirons pour 10 dollars à deux, comme quoi voyager à la locale ça a du bon.
Lorsque le réveil sonne à 5 heures, son cri a quelque chose de mélodieux. On s'étire, le Machu nous attend.
Le prix est élevé pour le pays ( 40 $ ) mais le jeu en vaut la chandelle.
La ville fut construite dans les années 1400 et comptait environ 1000 habitants ( autant de touristes passent chaque jour ). Sa situation improbable et son utilité sont encore un mystère: centre d'expérimentation agricole, religieux, passage pour les echanges entre l'est et l'ouest, ' no sé senior '.
Les cultures en térasse ( sorte de grande marches que vous voyez en photo ) pouvait permettre une exploitation agricole suffisament importante pour nourrir des milliers de personnes. La pluie s'accumule à chaque étage, stagne, se charge en minéraux et finit par déverser son trop plein à l'étage inférieur, d'où l'expression: ' pas con l'inca '.
La cité est indescriptible ( surtout lorsque nous y pénétrons, une brume céramique ne laisse pas entrevoir grand chose). Petit à petit, comme on déchire un coton, les vapeurs grisâtres se dispersent et laissent filter les premiers traits du dessin de cette ville perchée au milieu de l'inaccessible. Pas grand chose à dire, ni ici ni là-bas, juste des souvenirs et quelques photos à partager. Il est 11 heures lorsque les premiers cars de japonais s'engluent sur le parking, une lourde pluie s'est mise à tomber et nous quittons l'endroit après en avoir pris le meilleur.
De retour en train à Cuzco, nous retrouvons Yann, Annaïg et leurs enfants d'ici quelques heures. Peut-être une soirée crèpes en perspective car nous avons enfin trouvé un endroit pour en déguster...